S’attaquer à la pandémie permanente qu’est la précarité : leçons tirées de l’organisation des travailleurs et travailleuses migrants et immigrés racisés à Montréal pendant la pandémie de COVID-19 / Challenging the Permanent Pandemic of Precarity: Lessons from Racialized Migrant and Immigrant Workers Organizing in Montreal During the COVID-19 Pandemic

Cet article démontre l’importance pour les travailleurs et travailleuses migrants et immigrés de s’organiser en fonction de leurs réalités. Pour ce faire, l’auteur s’appuie sur l’expérience du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) de Montréal. Beaucoup de ces travailleurs ont un statut d’immigration précaire, qui les rend vulnérables à une exploitation capitaliste poussée. On présume que leur besoin de rester au Canada et de gagner de l’argent les empêchera de parler des inégalités en milieu de travail et dans les pratiques patronales. Quand la COVID-19 a frappé, ce sont ces travailleurs, chargés des tâches reconnues « essentielles » par les gouvernements, qui ont permis à la société de fonctionner. Des promesses de régulariser leur statut d’immigration ont été faites. Mais deux ans après, ces promesses ne se sont pas réalisées et le statut des travailleurs demeure précaire. Toutefois, l’expérience acquise par la CTI dans sa lutte contre l’imposition de mesures néolibérales lui a permis de tenir bon face aux conditions de travail dictées par la pandémie. Les efforts pour régulariser le statut des travailleurs migrants s’intensifient. Il y a actuellement une mobilisation à l’échelle du Canada pour presser le gouvernement de tenir ses engagements, confortée par la reconnaissance croissante de l’importance de ces travailleurs pour le pays. L’article dépeint la réalité de nombreux travailleurs qui vivent et besognent à la confluence de la racialisation et du statut précaire de migrant, et révèle combien ces conditions sont essentielles au maintien du système capitaliste. / This article demonstrates the importance for migrant and immigrant workers to organize in ways that represent their realities. It draws on the experience of Montreal’s Immigrant Workers’ Centre (IWC) to do this. Many of these workers have a precarious immigration status, making them vulnerable to acute capitalist exploitation. The presumption is that since workers’ need to remain in Canada and earn their living, they would remain silent about workplace inequalities and labour practices. When COVID-19 hit, it was these workers, doing what governments recognized as ‘essential’ work that kept societies functioning. Promises were made about regularization of their immigration status. However, it has been two years since the imposition of pandemic restrictions and these promises have rung hollow, leaving them with a precarious immigration status. Yet the organising experience gained by the IWC in the struggle against the imposition of neoliberal measures, prior to the pandemic, held the IWC in good stead as it faced pandemic working conditions. The struggle to regularize migrant workers’ status is mounting and at this moment there is a Canadawide mobilization to hold the government to its promise, bolstered by the growing recognition of the importance of these workers to the country. This article demonstrates the realities faced by many workers who live and work at the intersection of racialization and an insecure migrant status and reveals that it is key to propping up the capitalist system.