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  • La volonté affichée de donner des capacités d’agir aux salariés s’incarne dans le concept d’« habilitation » (empowerment) qui désigne des formes d’initiative et de participation accordées aux salariés, d’amplitude toutefois variable. Dans une perspective critique qui inspire notre travail, l’« habilitation » peut être vue comme une rhétorique managériale destinée à mobiliser la subjectivité des salariés tout en voilant les rapports de domination. En tout état de cause, la formation devrait constituer une ressource susceptible d’accroître le pouvoir d’agir des salariés et être conçue par les directions et perçue par les salariés comme telle. Comment et avec qui conçoit-on une politique de formation en cohérence avec ce projet ? Comment (et dans quelle mesure) cette politique contribue-t-elle effectivement à l’« habilitation » des salariés ? Cet article met la doctrine de l’« habilitation » à l’épreuve de la formation. Le terrain ici mobilisé est une enquête monographique conduite auprès d’une entreprise de l’agro-alimentaire, filiale française d’un groupe américain, qui a érigé l’« habilitation » en doctrine managériale. Saisie au niveau de l’organisation, la politique de formation apparaît congruente avec les autres pratiques mobilisatrices visant l’engagement et la responsabilisation des salariés, mais dans le cadre strict des objectifs stratégiques du groupe. Au niveau individuel, certains salariés, parmi les plus récemment embauchés, jugent leur capacité d’agir renforcée par la politique de formation de l’entreprise. Mais pour la majorité des salariés interrogés, leur rapport à la formation traduit leur désenchantement sur leur pouvoir d’agir dans un environnement où les décisions managériales demeurent opaques et imprévisibles. Le consentement et la coopération des salariés apparaissent fragilisés par ces contradictions.Ainsi, et malgré la situation très privilégiée de l’entreprise étudiée, dans un régime de gouvernance actionnariale où la prégnance des objectifs de rentabilité financière s’impose à tous les salariés et où, en outre, la représentation collective des salariés est faible voire inexistante, la politique d’« habilitation » ne parvient pas à concrétiser ses ambitions. Pour autant, elle n’est pas dépourvue d’effectivité. Au travers de la formation s’expriment les tensions dont l’« habilitation » est porteuse. Elle révèle, dans ce contexte, les promesses non tenues de cette doctrine managériale et questionne son efficacité économique et sociale.

  • The paper analyzes how digitalization in conjunction with changes to the economic environment are affecting the nature of low-skilled jobs in the logistics sector; in particular, job content and the working and employment conditions attached to those jobs. On the basis of expert interviews and company case studies in French and German retail warehouses, the authors investigate whether the adaptation of these jobs corresponds to the more general ‘neo-Taylorist’ transformation of workplaces discussed in the literature and seek to identify those factors that are helping to stabilize or modify this trend. Drawing on the comparative labour relations literature, which distinguishes between different types of workers’ power resources (institutional, associational and structural), the study examines how and to what extent employees and their representatives renegotiate or influence techno-organizational choices. By focusing on firms headquartered in France and Germany, we can shed some light on whether the institutional power of organized labour may enable them to foster trajectories other than the kind of ‘digital Taylorism’ we see in liberal market economies. The findings point, however, to a general convergence on digitally enhanced ‘Neo-Taylorism,’ which is characterized by deskilling and intensification of performance control. The limited cross-country variation can largely be explained by the very similar effects across countries of ‘lean’ supply-chain transformation and the trend toward outsourcing and offshoring, which negatively affect workers’ structural power. Moreover, associational resources are negatively affected by the deskilling trend. Meanwhile, the findings provide some evidence of a beneficial impact from the institutional power of worker representatives in both countries: in particular, the rights to veto and co-determine performance management systems. These rights have not altogether helped prevent the shift toward neo-Taylorism but have contributed to somewhat less intense forms of neo-Taylorism.

  • Could “centralized” bodies of collective representation constitute a power resource for employees in contemporary fragmented work organizations? Referring to the particular features of the institutional framework in France, this article links the theory of power resources to the concept of institutional toying to show that the power resources of managers allow them to make use of institutional shortcomings that limit the scope of these bodies as power resources for employees. The article draws on the REPONSE 2017 (DARES) survey, which sought to quantify “fragmented” organizations and their collective representation bodies. Six case studies of fragmented companies are also used to illustrate the diversity of institutional toying strategies employed by managers.

  • Les instances « centralisées » de représentation collective pourraient-elles constituer une ressource de pouvoir pour les salariés dans les organisations de travail fragmentées contemporaines? En se référant aux spécificités du cadre institutionnel français, cet article articule la théorie des ressources de pouvoir au concept de modelage institutionnel pour faire apparaître que les ressources de pouvoir des directions leur permettent de s’appuyer sur des lacunes institutionnelles limitant la portée de ces instances comme ressources de pouvoir pour les salariés. Il utilise l’enquête REPONSE 2017 (DARES) pour quantifier les entreprises « éclatées » ainsi que leurs instances de représentation collective. Six monographies d’entreprises éclatées sont également mobilisées pour illustrer la diversité des stratégies de modelage institutionnel des directions.

Last update from database: 9/18/24, 4:10 AM (UTC)

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