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  • Les horaires atypiques imposés compliquent la conciliation travail-famille (CTF), particulièrement lorsqu’ils sont associés à un travail impliquant un bas salaire, un faible contrôle sur le travail, ou du temps partiel involontaire. Un nombre grandissant de travailleuses et de travailleurs sont exposés à ces horaires, mais peu d’études se sont intéressées aux stratégies de CTF déployées pour faire face à ces conditions contraignantes. Les seuls accommodements possibles reposent souvent sur des ententes informelles. Ces ententes sont fragiles et individuelles et, de plus, elles sont marquées par les rapports avec un gestionnaire ou des collègues. Elles exercent aussi une pression importante sur le collectif de travail, ce qui peut venir limiter la marge de manoeuvre permettant de concilier les deux réalités, c’est-à-dire l’espace nécessaire afin d’adapter sa tâche en fonction de son contexte et de ses capacités.Notre étude interdisciplinaire (en communication et ergonomie) porte sur les stratégies de CTF d’agentes et d’agents de nettoyage, un emploi comportant des horaires atypiques imposés et un faible niveau de prestige social. Cet article porte sur les facteurs organisationnels et les dynamiques relationnelles qui influencent la marge de manoeuvre d’agentes de nettoyage qui, pour concilier horaires atypiques et vie familiale, font le choix de travailler la nuit.L’analyse des données provenant d’observations et d’entretiens met en évidence l’interaction entre le choix de l’horaire de travail, le soutien des collègues et les rapports liés au genre ainsi qu’à l’ancienneté. En situant les stratégies de CTF au coeur de l’activité de travail, nos résultats permettent d’illustrer les tensions collectives suscitées par l’accommodement des besoins individuels de CTF.Améliorer les marges de manoeuvre visant à concilier vie familiale et horaires atypiques nécessite d’intervenir simultanément sur l’organisation du travail et les dynamiques relationnelles afin de favoriser l’émergence de pratiques collectives de soutien autour des enjeux de CTF. Ces dynamiques doivent être prises en compte lors de la mise en place de mesures organisationnelles, voire même de dispositifs légaux ayant pour but de faciliter la CTF. // Title in English: “Working nights to see your children, it’s not ideal!” Imposed atypical schedules complicate work-family balancing (WFB), particularly when they are associated with low-paid, low control work or involuntary part-time work. A growing number of workers are exposed to such exacting schedules, but few studies have examined the WFB strategies workers use to cope with them. For many, the only possible accommodation available is to make informal arrangements with managers or colleagues. Such agreements are fragile and individual and are characterized by relational dynamics, including power relations. They also put significant pressure on the work collective, which may limit operational leeway for conciliation. In other words, there is little or no room available for people to deploy strategies that will allow them to adapt their work according to the context and their capacities.Our interdisciplinary study combining communication and ergonomics examines WFB strategies in cleaning, a type of precarious employment associated with a low level of social prestige. More specifically, this article discusses the mechanisms influencing leeway available to reconciling atypical work schedules and family in the specific context of night work. Analysis of data from observations and interviews highlights the interactions among the choice of work schedule, the support of colleagues and relationships of gender and seniority. Situating WFB strategies at the heart of work activity, our results illustrate tensions that arise within the work group when individual needs for WFB are accommodated.Improving flexibility to reconcile family responsibilities with atypical work schedules requires simultaneous action on work organisation and on relational dynamics in order to promote collective support systems around the issue of work-life balance. These dynamics must be taken into account in the development of organizational policies and even legal measures in order to facilitate work-life balance.

  • L’influence positive du soutien organisationnel par le biais d’attitudes et de pratiques favorables à la conciliation travail-famille (CTF) est largement reconnue. En revanche, peu d’études ont porté un regard spécifique sur les dynamiques entourant ces pratiques au sein de milieux où une organisation inflexible du temps de travail complique la manifestation de soutien à l’égard de la CTF, tout en créant des défis de conciliation importants. Réalisée en partenariat avec des syndicats québécois, cette étude s’intéresse aux pratiques informelles de CTF au sein de commerces d’alimentation québécois, un secteur d’emploi faiblement rémunéré où les horaires sont imposés, étendus, imprévisibles et variables.L’analyse thématique d’un corpus de trente entretiens semi-dirigés réalisés auprès de travailleuses syndiquées, de gestionnaires, de représentantes et de représentants syndicaux montre que, en dépit de règles liées à la convention collective, le mode d’établissement des horaires, en apparence neutre, témoigne de l’importance du caractère informel des pratiques de CTF. Ces dernières sont souvent individuelles, voire secrètes, et elles sont perçues comme le fruit d’un traitement privilégié accordé à certaines personnes. Compte tenu de l’accès restreint aux possibilités d’accommodements, ces pratiques peuvent entraîner une dynamique de « chacun pour soi », ce qui affecte la qualité des rapports entre collègues. Certaines mères de famille étaient particulièrement désavantagées par les normes de flexibilité valorisées dans leur milieu de travail. Enfin, des pratiques informelles sont acceptées au sein du collectif si elles sont transparentes et en autant que les gains des uns n’engendrent pas d’injustice perçue pour les autres.L’étude amène un éclairage sur l’impact collectif des pratiques informelles de CTF en contexte d’horaires atypiques, imprévisibles et variables. Elle montre la nécessité, pour les entreprises ainsi que pour les syndicats actifs dans ces milieux, de créer des conditions favorables au développement de relations interpersonnelles saines et équitables, ainsi que des pratiques qui valorisent l’expression des enjeux de CTF. // Title in English: «Their way to punish you, it’s the schedule!»: Informal Work-Family Balance Practices in Quebec Food Retail Stores. The positive influence of organizational support on work-family balance (WFB), by means of flexible attitudes and practices, is widely recognized in the literature. However, few studies have examined the dynamics surrounding these practices in work environments where a rigid organization of work time makes WFB a significant challenge for workers while severely limiting possibilities for management support. Carried out in partnership with Quebec unions, this study focuses on WFB informal practices in Quebec food retail stores, a low-wage employment sector where schedules are imposed, extended, unpredictable and variable.Thematic analysis of a corpus of thirty semi-structured interviews with managers, unionized female workers, and union representatives reveals that the scheduling process involves informal WFB practices despite collectively bargained rules, including the possibility of favouritism and arbitrary decisions. Those informal practices are often individual, or even secret, and are seen as the result of preferential treatment given to some people even when seniority is respected. Given the limited access to opportunities for accommodation, these practices can lead to a dynamic of “everyone for himself”, where workers protect their strategies so as to improve their quality of life. The quality of relationships among colleagues can be affected and some working mothers are particularly disadvantaged by the degree of flexibility valued in their workplace. Finally, informal practices are accepted by the group if they are transparent and if advantages given to some workers are not perceived as creating injustice toward others.The study highlights the collective impact of informal WFB practices for workers with low schedule control. Results suggest that companies and trade unions active in these environments should create conditions for the development of healthy and equitable relationships and practices that support the open discussion of WFB issues.

Last update from database: 10/5/24, 4:10 AM (UTC)

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