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À contre-courant des approches fonctionnaliste, culturaliste et, dans une moindre mesure, constructiviste sur le transfert transnational des pratiques organisationnelles dans les firmes multinationales (MNC), qui insistent toutes sur le rôle primordial des gestionnaires supposés faire le pont entre la maison-mère et les filiales, cet article recourt aux processus de négociation sociale dudit transfert par les acteurs locaux plutôt intéressés par ce qu’ils y gagnent. Pour mieux comprendre les raisons de la réussite (ou de l’échec) du transfert des pratiques de flexibilisation qu’une MNC nord-américaine cherche à implanter dans sa filiale au Ghana et qu’elle a mises en pratique au Canada, l’article propose un modèle analytique de deux facteurs capables d’en influencer l’issue : les mécanismes de gouvernance locale et l’agence micropolitique.Le premier facteur souligne la finalité économique du transfert et traduit les arrangements institutionnels initiés par les gestionnaires des filiales, notamment avec l’exécutif syndical au Canada et la communauté locale au Ghana. Cette gouvernance locale produit une segmentation à l’intérieur du marché de travail au Canada (les permanents vs les temporaires) et à l’extérieur dans la communauté au Ghana (les travailleurs vs la communauté). Quant au second facteur, le rôle politique des acteurs, il reflète les enjeux locaux en termes de survie de l’usine, dans un cas, et de préservation des traditions socio-ethniques, dans l’autre. Ces acteurs locaux qui contrôlent la segmentation des pratiques de flexibilisation de l’emploi dans leur filiale respective jouent ainsi un rôle charnière dans le processus du transfert dont ils conditionnent la réussite.L’article conclut qu’il y a une négociation sociale nécessaire des pratiques organisationnelles que la maison-mère cherche à transférer aux filiales et que la réussite ou l’échec du transfert est fonction de la portée du consensus négocié avec les acteurs touchés par les enjeux, et pas seulement de la finalité économique recherchée par les politiques d’hybridation. // Title in English: The Transfer of Labour Flexibility Practices in a Multinational Firm: The Pivotal Role of Subsidiaries’ Local Actors. Contrary to the functionalist, culturalist and, to a lesser extent, constructivist approaches, which all focus on the managers’ key role in bridging the gap between the parent company and its subsidiaries, this article takes a different perspective on the transnational transfer of organizational practices in a multinational firm (MNC). It argues that local actors engage in social negotiation of the transfer based on what they might gain. The article offers an analytical model of two factors that impact the transfer outcome. This allows us to better understand the reasons for the success (or failure) of the transfer of labour flexibility practices that a North-American MNC seeks to transfer to its Ghanaian subsidiary and which have already been implemented in its Canadian subsidiary. These factors are local governance mechanisms and micro-political agency.The first factor highlights the economic purpose of the transfer and reflects institutional arrangements initiated by the subsidiaries’ managers, notably with the union executive in Canada and the local community in Ghana. This local governance produces a segmentation inside the labour market in Canada (permanent vs temporary workers) and outside in the community in Ghana (workers vs the community). The second factor concerns the actor’s political role, focusing on local issues in terms of plant survival in the Canadian case and the preservation of socio-ethnic traditions in the Ghanaian case. These local actors, who control the segmentation of labour flexibility practices in their respective subsidiaries, play a pivotal role in the transfer process and its success.The article concludes that there is a required social negotiation of organizational practices a parent company seeks to transfer to its subsidiaries. The transfer success or failure depends on the scope of the negotiated agreement between actors affected by the issues and not just on the economic purpose that the MNC pursues through its hybridization policies.
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Ce texte propose une relecture du débat sur l’action syndicale à l’international entre la construction de coalitions globales et le développement de réseaux locaux. Il se base sur le récit des représentants syndicaux du secteur minier au Ghana et au Mexique. Les stratégies syndicales sont saisies sous les trois dimensions analytiques que sont les espaces de l’action syndicale à l’international, les modes d’interaction et le cadre de référence. L’objectif de l’article vise à comprendre comment les syndicats nationaux naviguent entre le local et le global, et les facteurs qui les poussent et les attirent vers les espaces transnationaux.Alors que les deux syndicats sont engagés dans un processus de renouvellement de leur action, leur stratégie transnationale diffère : les Ghanéens sont engagés dans le développement de nouvelles aptitudes et de nouveaux savoir-faire et les Mexicains dans la construction des coalitions. Ces constats suggèrent que l’action syndicale à l’international est fonction des contingences nationales. Primo, le syndicat ghanéen intervient surtout au niveau continental africain et privilégie le développement des compétences locales et nationales. De son côté, le syndicat mexicain est présent aussi bien au niveau continental nord-américain que transnational, notamment dans des campagnes de solidarité. Secundo, les Ghanéens entretiennent de faibles liens avec les autres syndicats. De l’autre, les Mexicains sont engagés dans un large répertoire d’action avec les syndicats nord-américains et les fédérations internationales. Tertio, les Ghanéens conçoivent leurs intérêts sur la base d’une forte identité clanique et définissent leur engagement international en termes de ressources. Pour leur part, les Mexicains bâtissent des coalitions transnationales sur la base d’une identité de classe.Allant au-delà de la dichotomie entre le local et le global, les stratégies syndicales à l’international sont socialement construites et localement enracinées. Elles s’expliquent par la dynamique de l’économie politique dans laquelle se trouvent insérés ces syndicats et les structures d’opportunité transnationale à leur portée.
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Des travaux récents en analyse institutionnelle ont souligné le rôle charnière des acteurs dans le changement institutionnel, notamment le pouvoir de l’acteur syndical à renouveler les institutions du travail. Ces recherches ont fait ressortir les trois aspects suivants : 1-l’agentivité, en réponse à la question de lareprésentation des syndiqués, notamment la construction d’une identité des travailleurs au-delà du milieu de travail; 2- la formation d’une large coalition au-delà des acteurs tripartites des relations de travail; et, enfin, 3-l’élargissement des répertoires d’action au-delà des frontières des entreprises et des contextes nationaux. Toutefois, contrairement à cette perspective sur l’agentivité qui dépendait autrefois des mécanismes de la démocratie industrielle, cet article montre que des contraintes structurelles peuvent restreindre, voire empêcher, la capacité stratégique des acteurs locaux à renouveler la règle en cet ère néolibéral de mondialisation de l’économie. À partir de deux études de cas menées dans deux usines de première transformation au Québec —l’une appartenant à une entreprise multinationalecanadienne, l’autre étant américaine —, cet article analyse comment les acteurs locaux, dans un contexte néolibéral de changement institutionnel, négocient la flexibilisation de l’emploi et la sécurité des travailleurs. Les résultats des négociations entreprises par les acteurs locaux, dans un cas, une négociation menée « le dos au mur », et, dans l’autre, « le fusil sur la tempe », montrent que l’issue du processus est tributaire de facteurs externes hors de la portée des acteurs locaux. L’agentivité a buté contre les impératifs économiques du marché, les politiques étatiques de dérégulation de l’emploi et l’intransigeance des maisons-mères concernant l’avantage compétitif des filiales. Dans l’usine américaine, ils ont déplacé l’ancienne règle des accords collectifs pour y substituer une nouvelle entente davantage axée sur les exigences du marché libéral. Dans l’usine canadienne, ils ont stratifié les accords collectifs, ajoutant une nouvelle entente (de facture inférieure à l’ancienne) basée sur le statut d’emploi et qui oppose les permanents aux contractuels. Dans les deux cas, des conditions structurelles ont limité la marge de manoeuvre desacteurs locaux, avec des conséquences néfastes sur les travailleurs périphériques de l’entreprise flexible.
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- Journal Article (3)